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Episode de pollution particulaire de Mars 2015 : éléments d’interprétation


Le 20 mars dernier l’épisode de pollution particulaire qui impacte la France depuis une semaine a atteint son intensité maximale, tant au niveau des concentrations,  que de l’étendue géographique du  phénomène. La carte du 20 mars pour la France est une analyse de la situation combinant résultats de modélisation et observations de terrain réalisées par les AASQAs. Il s‘agit donc de la meilleure « photographie » de la situation. Le seuil d’alerte national de 80 µg/m3 a été atteint et dépassé dans le Nord-pas de Calais, la Picardie, l’Ile de France, Champagne Ardennes, le Centre, la Bourgogne, Rhône-Alpes. Mais cette situation ne s’est pas limitée à la France, et en réalité une large partie de l’Europe a également été concernée par ces niveaux de pollution.   

Des dépassements de la valeur limite en  moyenne journalière de PM10 (50 µg/m3) imposée par la directive européenne sur la qualité de l’air (2008/50/CE) ont été observés en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.


Pourquoi un phénomène d’une telle ampleur ?

Cette situation est particulièrement instructive sur le caractère de grande échelle de la pollution atmosphérique particulaire lors de ces épisodes de printemps.

Ils résultent de conditions météorologiques d’une exceptionnelle stabilité: peu de vent, températures encore froides le matin qui favorisent la formation de couches d’inversion (couche de l’atmosphère très stable dans laquelle la température augmente avec l’altitude) qui bloquent les polluants au sol. 

L’ensemble des sources d’origine humaine de polluants atmosphériques est concerné : trafic routier et non routier, chauffage résidentiel, industrie mais aussi les activités agricoles intensifiées en Europe de l’Ouest à cette période de l’année (du fait de l’épandage des engrais azotés). Les composés chimiques gazeux et particulaires émis par ces activités se combinent par réaction chimique. Ils forment des particules dites « secondaires » (par opposition aux particules « primaires » émises directement dans l’atmosphère), de différentes tailles, qui peuvent perdurer dans l’atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi se transporter sur de longues distances (plusieurs centaines voire milliers de kilomètres). Dans le cas des épisodes printaniers, l’analyse de la composition chimique de ces épisodes et nos simulations lors des dernières années montrent la part importante, parfois prépondérante, de nitrate d’ammonium qu’elles contiennent. Il résulte de réactions chimiques entre les oxydes d’azote émis notamment par les activités de transport, et l’ammoniac, disponible dans l’atmosphère par volatilisation, en particulier lorsque les températures sont douces, suite aux épandages d’engrais. Il n’y a pas d’ambigüité sur le caractère transfrontalier de ces phénomènes d’import et d’export de pollution et il apparaît indispensable que la gestion de tels épisodes intègre la coopération régionale ou internationale.